Le Grand-Hornu
82 Rue Sainte-Louise, Hornu, Belgique
www.mac-s.be
Ancien complexe minier érigé entre 1810 et 1830 par Henri De Gorge, capitaine d’industrie d’origine française, le Grand-Hornu constitue un véritable projet de ville, exemple unique d’urbanisme fonctionnel sur le continent européen au début de la Révolution industrielle. Construit dans le goût néoclassique, il comprend les ateliers et bureaux du charbonnage, la cité ouvrière de quelque 450 maisons.
Après avoir été un des fleurons de l’industrie belge, le site du Grand-Hornu est aujourd’hui l’un des premiers lieux culturels de Belgique consacrés à la création actuelle. Il connaît une nouvelle vie et accueille chaque année un large public international.
Peu habitué des cimaises belges bien que né en 1928 à Nimy, Francis OLIN opta tôt pour un géométrisme abstrait dont la rigueur et la concision trouvèrent en Hainaut fort peu d’émules.
En effet, à l’exception de Victor Noël ou Jean Dubois, ou encore des premières œuvres pré-surréalistes de Pol Bury, ce courant de l’abstraction géométrique fut peu représenté dans l’activité artistique hennuyère.
C’est peut-être ce constat qui poussera Olin, sitôt accomplies les études à l’Académie des Beaux-Arts de Mons, à quitter la Belgique pour tenter l’aventure parisienne et à participer dans la fin des années cinquante aux activités de « MESURE », groupe de recherche formelle dont il fut l’un des fondateurs.
Recherche formelle, car l’œuvre de Francis Olin, au lyrisme froid et mesuré excluant tout compromis, toute facilité, se place résolument sous le signe de la quête de la lumière sans laquelle il n’est pas d’art.
Sur ces segments de bois où la lumière frissonne soulignant de vif les arêtes, cernant de noir les formes, se composent, changeantes aux hasards du jour, des mosaïques subtiles de blancs et de gris, géométries de clarté et d’ombre.
Pierre DUPONT
Député permanent, Président des Affaires culturelles du Hainaut
Carton d'invitation
Rencontre
Nous savons quelle est, pour un peintre, l’importance prépondérante de la lumière quant aux intensités et rapports de couleurs. Importance primordiale aussi pour un sculpteur, qu’il s’agisse de sculptures ou de reliefs.
C’est ce pouvoir, je dirais cette puissance enchanteresse de la lumière qui m’a surtout frappé lorsque j’ai vu pour la première fois, en 1958, des oeuvres de Francis Olin.
La lumière se jouait des éléments modulaires blancs, qui créaient par leur ombres une infinité de gris. J’avais ainsi sous les yeux différents « tableaux » selon mon angle de vision, alors qu’en réalité, par la structure et la réalisation, il s’agissait en fait, de « RELIEFS » ainsi que les dénommait Francis Olin. II avait déjà capté et conduit la lumière et ses ombres. Ceci, à l’époque, avait une importance rare.
C’est dès 1961, lors de sa fondation que Francis Olin a adhéré au groupe MESURE. II était un de ceux qui répondait le mieux à l’esprit du groupe : recherches pour l’intégration des arts dans l’architecture entre autres. En 1965, des expositions en France et l’étranger firent connaitre le groupe MESURE, précurseur d’un mouvement toujours actuel. Depuis lors, des réalisations monumentales ont confirmé que Francis Olin est à la hauteur de cette tåche.Actuellement, Francis Olin, par des solutions diverses, continue sa recherche, se consacrant inlassablement à une perception plus aigüe et plus complexe, de la lumière et de ses effets.
Luc PERRE
Paris, 1983
Photos de l'exposition
Entretien
Votre milieu a-t-il favorisé votre carrière artistique ?
Favorisé, oui, dans la mesure où personne ne m’a jamais contrarié ouvertement. Mais il allait de soi que l’art, sous n’importe quelle forme, devait être pratiqué comme un divertissement à temps perdu.Pensez-vous avoir tiré profit de vos études académiques, alors que votre démarche actuelle en est si éloignée ?
J’ai toujours considéré l’académisme comme une discipline, sans plus. On n’apprend pas à être artiste, c’est-à-dire créateur.En 1950, vous avez publié en Belgique, un recueil de poèmes, « Vivre ne pas vivre ». Avez-vous écrit depuis ?
Non, car à cette époque, je cherchais ma voie, et par la suite, j’ai fait un autre choix qui s’est imposé. Je suis aussi manuel et je ne pouvais plus me contenter de remplir des pages blanches.Lorsque vous êtes arrivé à Paris, en 1952, vous avez fait de la peinture de chevalet. Reniez-vous ce temps ?
N’ayant aucune idée préconçue quant à la technique, il était naturel que je fasse ma propre expérience, la peinture de chevalet était ce qui se pratiquait le plus couramment. Je ne renie pas cette période car mes tableaux participaient au mouvement abstrait géométrique des années 50. Je les aime toujours autant.De quelle période datent vos premiers reliefs ?
1955-1960. Dans mes tableaux, je cherchais une profondeur suggérée par des effets de perspective. Dans mes reliefs, j’abordais carrément une autre dimension grâce à l’ombre portée.Vos reliefs sont généralement monochromes : blancs, noirs ou bleus. J’ai l’impression que vous n’êtes pas tellement coloriste ?
A vrai dire, la couleur n’est pas mon problème majeur, d’autant que la réflection de la lumière sur le volume révèle des dégradés subtils plus perceptibles sur le blanc. L’apport de la couleur n’est pas toujours justifiable.Evoluez-vous encore ?
Oui, je crois « découvrir » encore. Répéter ce que j’ai déjà fait serait sans intérêt.Quelle valeur a pour vous une rétrospective au « Grand-Hornu » ?
Il est certain que de rassembler les expériences qui jalonnent une vie, permet d’avoir un recul vis à vis de l’œuvre. Le site du Grand-Hornu s’y prête admirablement. Par ailleurs, j’accorde une valeur sentimentale å ce retour aux sources.Avez-vous actuellement des projets précis et une ambition particulière ?
J’ai évidemment des projets ponctuels, notamment une exposition à Paris cet automne. Mon ambition est simple, sans être modeste pour autant : poursuivre ma recherche.
Propos recueillit par Patricia Laden (épouse de Francis Olin)
Vidéo
Citation
Je suis absolument convaincu que des formes mathématiquement harmonieuses, exécutées avec précision, sont capables d’émouvoir et qu’elles instaurent un équilibre parfait entre le sentiment et l’intelligence.
László MOHOLY-NAGY
The New Vision and Abstract of an Artist, 1947
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Critique
Avec sa rigueur méthodique en marge de tout adjuvant descriptif, l’art de Francis Olin révèle d’emblée son appartenance au monde de la géométrie non-objective. Mais ses trames quadrillées tissées de reliefs vibratiles posés à égale distance les uns des autres, selon un agencement modulaire, ne reposent pas uniquement sur le procédé sériel qui en définit l’exacte organisation.
En effet, ces architectures rectilignes, érigées en triangles ou en carrés parfois constitués de lignes horizontales et verticales, subissent de légers dérèglements formels dans le balisage du tableau, comme dans les harmonies chromatiques. Ainsi, par moment, les reliefs se distendent au centre de l’œuvre et s’opposent aux parties resserrées qui les jouxtent, en suscitant une suite de variations ombrées. Cette confrontation crée alors un phénomène de double lecture.
Par ailleurs, dans ces régions apparemment monochromes, qui n’induisent pas, non plus, de mouvement réel, le jeu des valeurs tonales ajustées en dégradés ténus, vient nuancer la texture du champ et troubler un instant le regard en le coulant dans les inflexions d’une certaine fantaisie néanmoins contrôlée.
Ce sont ces différences et ces altérations rythmiques, proportionnels au clavier affectif et mental que chacun porte en soi, qui donnent à cette syntaxe sa courbe particulière.
Gérard XURIGUERA
Paris, mars 1988
Les œuvres de Francis Olin exposées
D’autres œuvres ont été exposées et restent à identifier.
Merci à la province de Hainaut et au Grand-Hornu de nous avoir aidé à rédiger cette page.